Ancien eleve des celebres ateliers d’ecriture Clarion, Daryl Gregory a publie sa propre premiere nouvelle en 1990, mais il a vraiment explose durant la derniere dizaine d’annees, sortant des textes souvent repris en best-of annuels de Gardner Dozois.

Ancien eleve des celebres ateliers d’ecriture Clarion, Daryl Gregory a publie sa propre premiere nouvelle en 1990, mais il a vraiment explose durant la derniere dizaine d’annees, sortant des textes souvent repris en best-of annuels de Gardner Dozois.

Ancien eleve des celebres ateliers d’ecriture Clarion, Daryl Gregory a publie sa propre premiere nouvelle en 1990, mais il a vraiment explose durant la derniere dizaine d’annees, sortant des textes souvent repris en best-of annuels de Gardner Dozois.

Depuis 2008, il a fera paraitre 2 romans, Pandemonium et The Devil’s Alphabet, tous deux impressionnants de maitrise. En France, deux de ses documents ont ete publies dans l’excellente revue Fiction.

Deuxieme personne du singulier reste une fascinante plongee au fonctionnement du cerveau humain, dont nos etrangetes rappellent le roman de Peter Watts, Vision Aveugle, mais dans un cadre plus terre a terre. Gregory parvient a construire un post rempli d’emotion et d’humanite en se basant i  propos des dernieres avancees d’la neuropsychologie. Du grand art.

Deuxieme personne du singulier

de Daryl Gregory

« Di?s Que nous pensons ‘Je respire’, le ‘Je’ est de trop. Cela n’y a personne concernant penser ‘Je’. Ce que nous qualifions de ‘Je’ n’est qu’une porte qui s’ouvre et se referme chaque fois que nous inspirons ou que nous expirons. »

– Shun Ryu Suzuki

« J’ai longtemps cru que le cerveau etait l’organe principal du corps, jusqu’a votre que je realise qui me soufflait une telle idee. »

J’entre au cabinet du docteur Subramaniam. Penche au-dessus de son bureau, il cause gravement aux parents une jeune fille decedee. Cela n’est jamais content, mais quand il leve les yeux vers moi, il se force a sourire. « Et la voici ! » declame-t-il tel 1 presentateur de jeu tele devoilant le gros lot. Dans leurs fauteuils, l’homme et la femme se retournent, ainsi,, le docteur Subramaniam me fait discretement, 1 clin d’?il encourageant.

La figure carre, colore par la couperose, le sein aussi rebondi qu’un ballon de basket, le pere se leve le premier. Comme lors de les precedents rendez-vous, il fronce limite les sourcils ; il fait de le mieux pour que ses expressions refletent ses emotions. La mere a deja pleure, en revanche, et on peut lire sur son visage comme au sein d’ un livre ouvert : joie, peur, espoir, soulagement…

Elle me demande : « Tu es prete a rentrer a la maison, la Therese ? »

Leur fille s’appelait Therese. Elle est morte d’une overdose ils font bientot 2 annees ; Depuis, Mitch et Alice Klass sont venus au sein d’ cet hopital des dizaines de fois, en esperant la retrouver. Ils souhaitent si tri?s que je sois leur fille que, dans leur tronche, j’habite deja elle.

Mon tour toujours posee dans la poignee d’la porte, je demande : « Je n’ai jamais La selection, hein ? ». Sur le papier je ne suis qu’une adolescente de dix-sept annees. Je n’ai nullement d’argent, aucune carte de credit, pas de taf, aucune voiture … Je ne detient que deux vetements. Et Robierto, l’infirmier le plus costaud du batiment, se tient derriere moi dans le couloir, me bloquant toute issue.

Pendant un clin d’oeil, la mere de Therese semble retenir sa respiration. C’est une femme elancee, frele, qui parait grosse jusqu’a ce qu’on la voit a cote de quelqu’un d’autre. Mitch leve une main vers l’epaule de le epouse, puis la laisse retomber.

Comme a chaque fois qu’Alice et Mitch viennent me rendre visite, j’ai l’impression de me retrouver dans un feuilleton a l’eau de rose, ainsi, de ne pas connaitre mon post. Je regarde resolument le docteur et le sourire professionnel crispe. Plusieurs fois i  l’occasion de l’annee ecoulee, il a reussi a les convaincre de me laisser rester plus un moment, mais ils ne l’ecouteront plus. Ce paraissent faire mes tuteurs legaux et ils ont d’Autres Plans. Le docteur detourne les yeux et se gratte le nez.

« C’est bien votre que je pensais », dis-je.

Le pere se rembrunit, ainsi, Notre mere eclate en sanglots. Elle traverse tout le batiment en pleurant. Dans l’entree, des mains au sein des poches, le docteur Subramaniam nous regarde partir en voiture. Je n’ai jamais ete aussi en colere contre lui de toute ma vie – autrement devoile, depuis 2 annees.

Cette drogue, on l’appelle le Zen, ou Zombie, ou juste Z. Grace au docteur S., j’ai une assez bonne option c’est quoi fatflirt d’une facon dont elle a tue Therese.

Un jour y m’a suggere : « Regarde sur ta gauche. Et maintenant, regarde reellement vite par la droite, mais sans bouger la tete. Est-ce que J’ai piece est devenue floue pendant que tes yeux bougeaient ? ». J’ai recommence J’ai man?uvre. « aucune flou, hein ? Personne ne voit flou », il a conclu.

C’est le genre de style qui fait chauffer le cerveau des scientifiques. Non juste personne ne voit flou en bougeant les yeux, mais le cerveau des sujets reecrit carrement toute l’histoire : vue a gauche, puis vue a droite, et rien entre les deux. Ensuite, il triche avec un perception du temps, si bien qu’ils ont l’impression que le court instant qui s’est ecoule alors que leurs yeux bougeaient n’a aussi gui?re existe.

Le cerveau nettoie la merde en permanence, ont compris nos scientifiques. Ils ont branche des patients, puis leur ont demande de lever votre doigt, de le bouger a un demande. Chaque fois, le cerveau envoie au doigt l’ordre de bouger 120 millisecondes avant que le patient decide consciemment de le faire. Le docteur S. m’a affirme que l’on pouvait voir le cerveau s’echauffer juste avant que le patient crois « Bouge ».

Deja, ca, c’est surprenant, mais plus on y reflechit, plus ca devient bizarre. Et moi, j’y reflechis tout moyen.

L’esprit conscient – le « Je » qui pense : « He, j’ai soif, je vais aller chercher un verre d’eau » – n’a rien choisi, en realite. I  l’instant ou vous prenez conscience que vous avez soif, le signal qui va declencher le mouvement de ce main a deja parcouru la moitie du bras. Notre pensee proprement dite arrive apres coup. « Au fera, dit ce cerveau, j’ai decide de bouger le bras, aussi je te prie de bien vouloir choisir de le bouger. »

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are makes.